« J’ai dû tenir le téléphone à un patient mourant pour que sa fille lui dise adieu » Une infirmière en larmes raconte la tragédie du Coronavirus

La pandémie de coronavirus attaque et fragilise le monde sous plusieurs aspects. En plus d’une véritable crise sanitaire à laquelle le monde doit désormais faire face, il en résulte des répercussions humaines tragiques, impliquant le malheur de nombreux proches dans l’incapacité de faire leurs adieux. Violeta Torrent, une jeune infirmière espagnole, témoigne du calvaire que cela représente d’accompagner les mourants dans leurs derniers instants. Ce témoignage bouleversant a été relayé par nos confrères de BBC Mundo.
A l’heure où la pandémie de Covid-19 touche plus de 175 pays et territoires dans le monde, les médecins et le personnel soignant sont confrontés à un afflux de malades, marqué par de nombreux décès. C’est le cas notamment en Italie et en Espagne, les deux pays ayant enregistré le plus de décès à ce jour.

Une infirmière témoigne

Violeta Torrent, jeune infirmière Espagnole à l’hôpital Mataró de Barcelone, partage un témoignage des plus poignants. En révélant son quotidien au sein de l’établissement hospitalier, cette dernière confie : “La première semaine, tout semblait assez calme. Les différents services ont poursuivi leur fonctionnement normal. À partir du 12 et du 13 mars, il y a eu un boom dans la population atteinte”.



Violeta qui s’occupe des cas suspects et confirmés de Covid-19 confie que la situation la plus difficile à laquelle elle a pu être confronté s’est produite le 20 mars, lorsqu’elle a véritablement pris conscience de la situation qui l’entourait.

Des adieux déchirants

Ce jour-là, l’infirmière évoque avec émotion un patient d’un âge avancé, admis depuis plusieurs jours à l’hôpital. Le personnel soignant aurait, en accord avec la famille, décidé qu’il ne pouvait plus lui venir en aide au vu de son état. Violeta raconte alors avoir contacté la fille du patient pour l’informer qu’elle pourrait faire ses adieux à son père via téléphone.

En décrivant la scène, l’infirmière raconte : « J’ai passé le coup de fil à sa fille et elle lui a dit au revoir par téléphone. Pour moi, ce moment a été le plus dur. Elle faisait ses adieux seule parce qu’il ne parlait plus. Mais il l’a entendue parce qu’il était encore éveillé et conscient (…) Il a écouté attentivement sa fille quand elle lui a parlé. Je suis sûre qu’il a reconnu sa voix parce que son visage s’est illuminé ».

Elle témoigne ensuite de la réaction de la fille du patient, expliquant que cette dernière a été touchée et qu’elle l’a remerciée pour lui permettre de dire au revoir à son père. “En ce moment, tout le monde est plus sensible, avec des émotions à fleur de peau parce que lorsque vous avez terminé de travailler, vous vous rendez à la maison comme le reste de la population et tout vous affecte davantage”, a confié la jeune soignante.

Ailleurs, en Italie, Il Giornale, dans son édition du 18 mars rapportait les propos d’un soignant italien : “ Une grand-mère voulait voir sa petite-fille. J’ai sorti le téléphone et l’ai appelée en vidéo. Elles se sont dit au revoir. J’espère qu’ils nous donneront des mini iPads, trois ou quatre suffiraient, pour ne pas les laisser mourir seuls”. Cette information également relayée par le 20 Minutes met en avant une mesure jugée utile par certains pour apporter de l’humanité aux derniers instants des patients en état critique.

Des tablettes dans les hôpitaux

Selon cette même source, Tim, l’opérateur de téléphonie mobile italien, se serait engagé à faire don de “tablettes pour les hôpitaux à la pointe de la lutte contre le coronavirus”. De son côté, Lorenzo Musotto, conseiller municipal du 6e arrondissement de Milan, a, lui, annoncé avoir “acheté des tablettes à donner aux établissements de santé pour permettre aux malades de pouvoir saluer leurs proches une dernière fois”.

En France, des demandes d’équipements similaires ont été faites, sans qu’elles ne soient exclusivement dédiées aux patients en fin de vie. Cela a notamment été le cas au au centre hospitalier Victor-Dupouy à Argenteuil (Val d’Oise), où l’établissement a publié sa demande sur Facebook, afin de permettre aux patients en unité de soins de longue durée de maintenir le lien avec leurs proches. Mais à la question de savoir si cette solution est envisagée dans le pays, le Pr Jean-Paul Mira aurait confié que bien que le sujet ait été évoqué lors d’une réunion de crise, “il en faudrait au moins 1100 sur Paris”, puis d’ajouter, “ la dépense est-elle vraiment utile? ”. Une question difficile à l’heure où de nombreux pays s’inquiètent du manque d’équipement sanitaire.


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